Durant les 5 premiers mois, constituant la première partie de cet incroyable voyage, nous avons longé la botte italienne du Nord au Sud, traversé les Balkans d’Ouest en Est et du Nord au Sud et fait le tour de la Grèce à bord de Marcel. S’ensuivirent, en guise de deuxième partie, trois mois de découvertes de la Thaïlande en mode back-pack et transports en communs.
A l’aube de la troisième partie du voyage où nous allons récupérer Marcel pour partir à la découverte de l’Asie Centrale et de la Scandinavie durant pratiquement 8 mois, il est temps pour nous de faire un premier bilan à mi-parcours.

- Le bilan d’Olivier
Sans aucun grand voyage préalable en camping-car, en dehors de quelques week-ends de tests, je ne savais pas trop à quoi m’attendre de la vie à 4 dans 12m². Je me souviens simplement avoir lu sur le groupe Facebook des « Familles Autour du Monde » que ce type de voyage était loin d’être simple et que les prises de tête étaient inévitables et même bien souvent plus nombreuse que lors de nos vies d’avant. Et bien je confirme que c’est véridique, et je rajouterai même qu’il est à près certain qu’une engueulade va se produire dans les 3 minutes précédant l’arrivée à destination… Bref, ce n’était pas tous les jours faciles de vivre dans cet espace exigu!
Mais qu’est-ce que ces quelques prises de têtes quotidiennes par rapport à la superbe expérience que ça a été ! Une quasi-totale liberté d’aller où bon nous semble, de nous arrêter en bord de route ou sur un parking pour visiter une ville, piquer une tête dans une rivière ou faire une balade dans la nature. Nous avions notre maison roulante de 12m², faisant office de petit cocon sécurisé, et un gigantesque jardin qui changeait pratiquement tous les jours. Que demander de plus… ? Des rencontres ou une vie sociale plus active peut être?
C’est vrai qu’en dehors de quelques italiens au sang chaud assis derrière leur volant, l’Italie a été assez pauvre en rencontres. Mais qu’est-ce qu’on s’est rattrapé dans les Balkans et en Grèce ! La bonne quinzaine de familles voyageuses rencontrées sur les routes nous ont permis d’avoir de supers échanges et de passer des moments mémorables (mention spéciale à Vlora en Albanie et à Gython’s Bay en Grèce – voir étapes sur Polastep). Elles auront fait un bien fou tant aux garçons qu’aux parents….Nulle doute que nous allons garder contact avec certaines d’entre elles pour la suite du voyage et même bien après notre retour ! Mais outre ces familles voyageuses, les Balkans ont également été l’occasion de faire quelques vraies rencontres avec des locaux. Le genre de rencontres qui permet de balayer bien des clichés que l’on peut avoir à propos de ces populations (mention spéciale à Konjic en Bosnie – voir étape sur Polastep) !
Arrivés en Asie en décembre, le changement a été assez radical ! Plus de Marcel pour se déplacer mais des transports en commun tel que le bus, le train ou le bon vieux tuk-tuk, plus de petits lits douillets perso où y dormir mais des auberges et hôtels qui alternent très (trop ?) régulièrement, plus de cuisine à disposition pour se faire à manger mais des petits restaurants de rue,… Du coup, des changements qui rajoutent pas mal de contraintes logistiques mais, à côté de ça, ceux-ci permettent d’être encore plus en contact avec les locaux. Bref, une nouvelle dynamique de voyage qui fait énormément de bien à tous, surtout dans un pays comme la Thaïlande qui offre tellement de contrastes par rapport aux pays déjà traversés. Aurélie et moi retrouvons les plaisirs procurés par nos premiers voyages en mode back-pack et, c’est avec un bonheur non dissimulé que nous regardons les garçons déambuler de ville en ville avec leurs sacs sur le dos ! Mais après 3 mois de ce rythme, comme nous nous y attendions un peu, une certaine lassitude, voire une certaine fatigue, a fini par s’installer. Les petits coups de déprimes des garçons, bien que relativement rares, sont malgré tout plus fréquents. Surtout pour Maxime qui nous réclament régulièrement de revoir la famille ou ses copains. Heureusement, la simple perspective de retrouver Marcel à Athènes d’ici quelques jours permet de remotiver les troupes !
Mais quel que soit le mode de voyage, avec Marcel ou avec mon sac sur le dos, je me demande parfois si j’arrive encore à apprécier à sa juste valeur la presque totale liberté dont nous disposons depuis 240 jours ou à m’extasier devant ces paysages grandioses qui défilent si rapidement. Heureusement, via l’effet de groupe, il y en a toujours au moins l’un de nous quatre pour nous rappeler que l’aventure que nous vivons en famille est tout sauf banale…
Une aventure qui, jusqu’à présent, nous aura déjà permis de découvrir de nouveaux pays et nouvelles cultures .
Une aventure qui, également, nous fait sortir de notre zone de confort, nous oblige jours après jours à nous remettre en question et qui nous aura bien souvent poussé dans nos retranchements (qu’est-ce que les garçons sont doués pour ça…).
Mais surtout, une aventure qui nous permet sans arrêt d’ouvrir nos yeux sur nos forces et faiblesses, qui nous permet de nous voir (enfants mais aussi adultes !) grandir et évoluer, et qui, enfin, nous permet de créer des liens et relations incroyables entre nous.
Et juste pour ces quelques derniers points, ce voyage est déjà une énorme réussite !
Je ne peux m’empêcher d’indiquer qu’au moment d’écrire ces dernières lignes, nous terminons notre séjour dans l’incroyable refuge pour éléphants Baan Mama. Et ici encore, peut-être même plus que partout ailleurs, nous avons tous été touchés en plein cœur par la simplicité, l’authenticité et la générosité de Brigitte (alias Mama) et des quelques familles rencontrées. Une expérience humaine de plus que nous n’oublierons jamais !

- Le bilan d’Aurélie
Alors, par où commencer ??
Par les découvertes humaines ? Par les découvertes naturelles ? Par les découvertes culturelles ?
Et puis non, en fait, il me parait bien plus logique de commencer par le commencement…nous !
Au départ, il y avait une maman, un papa et leurs 2 adorables enfants…avec un projet (fou pour certains) : partir à la découverte de l’Eurasie à bord de Marcel, leur carrosse magique.
La maman, c’est moi ! Partie en voyage la tête pleine de rêves, d’attentes, d’images,… Alors oui, j’avais sans doute embelli l’aventure en oubliant les côtés moins funky qui pourraient survenir.
Serait-ce mon tempérament Bisounours qui déteint ? Très certainement ! Et tant mieux !
Car oui, il en faut du bisounoursisme pour mener un tel projet.
Imaginez, 4 énergumènes munis d’un bon caractère bien trempé et aux besoins et envies différents vivre ensemble H24…ça en fait des étincelles !!! Mais alors, comment faire ???
Entre
- Maxime qui bouge et parle tout le temps, et qui a faim dès qu’il s’ennuie,
- Martin qui pose des questions intellos tout le temps et qui calcule tout ce qu’il peut,
- Olivier qui aime que tout soit carré et qui a besoin de beaucoup de temps pour lui,
- Moi qui aime faire plaisir à tout le monde, mais qui ait aussi mes limites…
Et bien, on trouve des solutions !
Et parmi les 2 solutions qui nous ont beaucoup servi, il y a la communication et l’adaptabilité (ou le caméléonisme !).
Dès le début, nous avons pris le pli de faire des apéros mini conseils de familles où chacun pouvait s’exprimer sur la journée, sur le voyage, et dire si une chose l’embêtait. Si problème il y a avait, nous essayions d’y trouver une solution ensemble. Evidemment, c’est beau sur papier, mais pas facile à mettre en place. Il nous semblait aussi très important que chacun puisse se retrouver dans le voyage, et puisse exprimer ses besoins et ses envies. Les notions de respect et de tolérance sont évidemment souvent remises sur la table ! Pas toujours facile de faire comprendre à nos loulous ce que ces termes veulent dire, mais on tient bon… Et le résultat est plus que concluant !
Parmi les envies et besoins exprimés par tous, il y avait les rencontres, avec des locaux, mais aussi d’autres familles voyageuses. Et là, nous avons été plus que servis !
Nous avons rencontré des locaux, pas beaucoup, mais ce fut à chaque fois des échanges honnêtes et vrais qui resteront dans nos cœurs. Je pense notamment à la famille ‘truites’ de Bosnie, à la mère et fille de notre hostel de Krabi ou aux 2 sœurs de notre guesthouse de Kanchanaburi.
Quant aux familles rencontrées, quelle folie ! Que de rencontres improbables, incroyables, et que de souvenirs et têtes. Comme on dit souvent en rigolant, nous avons maintenant de quoi faire un tour de France des retrouvailles après le voyage !! Et un arrêt à Wezembeek aussi évidemment…
Une autre envie (et besoin certainement !) de nous 2, les parents, et même le but de ce voyage en fait !, c’était de ralentir le tempo, se poser pour profiter de l’instant présent, en compagnie de nos loulous.
Grâce à Marcel, qui ne roule pas très vite il faut l’admettre !, et à nos loulous, qui ne supportent pas beaucoup de route d’un coup, nous avons appris à prendre le temps de voyager lentement, nous arrêtant au grès de nos envies. Sur un chouette spot, comme il est bon de rester quelques jours à ne rien faire si ce n’est profiter du paysage, du soleil et/ou des copains ! Pour nous qui étions des hyper actifs à toujours faire 10 choses en même temps, voilà une belle leçon de vie !
Au terme de ces 8 premiers mois de voyage, je suis plus que ravie, enthousiaste et hyper positive (Bisounours forever !!) d’avoir cru en ce projet et je suis fière de notre famille ! Malgré les obstacles que la vie aura tenté de mettre sur notre chemin, nous avons toujours tenu bon, nous nous sommes soutenu dans les moments durs afin que ce voyage devienne réalité !
Entre le Covid, la guerre en Russie et les bobos de Ol, nous avons évidemment douté, mais jamais nous n’avons abandonné. Nous avons toujours pris le temps de réfléchir, de peser le pour et le contre, nous avons toujours discuté avec les enfants, les impliquant dans le projet, et c’est ensemble que nous y sommes arrivés, en se soutenant les uns les autres !
Et je suis certaine que la suite sera tout aussi belle !!
A dans 8 mois pour le verdict !
